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Diabète de type 1 de l'enfant: aspects cliniques et diagnostiques

Diabète de type 1 de l'enfant

Définition

  Le terme diabète sucré décrit un trouble métabolique caractérisé par une hyperglycémie chronique due à un déficit de la sécrétion d'insuline, de l'action de l'insuline ou des deux. Le diabète de type 1 est caractérisé par une destruction chronique à médiation immunitaire des cellules β pancréatiques, conduisant à une carence partielle ou totale en insuline.[1]

Intérêt

  • C'est parmi les endocrinopathies les plus fréquente chez l'enfant.
  • La présentation clinique est le plus souvent typique : le syndrome cardinal et dans environ 1/3 des cas le diabète est révélé par une complication aigue (l'acidocétose)
  • La confirmation diagnostique est biologique.
  • La prise en charge est pluridisciplinaire.
  • La gravité est liée aux complications dégénératives qui doivent être dépistées régulièrement.

Epidémiologie

     Dans le monde

  Selon la Fédération Internationale du Diabète (IDF 2021), le nombre d’enfants et d’adolescents de moins de 20 ans atteints de diabète de type 1 (DT1) était estimé à 1211900 en 2021, avec 149500 enfants développant la maladie chaque année.[2] Il existe d’importantes variations géographiques concernant les taux d’incidence du DT1 chez l’enfant.[3]

     Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

  L’IDF estime que 192,500 enfants et adolescents de moins de 20 ans vivent avec le diabète de type 1. Avec 25,000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année.[2]

     En Algérie

  L’IDF estime que 50800 enfants et adolescents de moins de 20 ans vivent avec le diabète de type 1 en Algérie (dans le 5e rang après l’inde, US, brésil et la chine).Tableau‑1 Avec 6500 nouveaux cas diagnostiqués chaque année (dans le 4e rang après l’inde, US, et le brésil).[2] Tableau‑2

Rang

Pays

Nombre de nouveaux cas (0-19 ans) en milliers

1

Inde

24.0

2

Les Etats-Unis

18.2

3

Brésil

8.9

4

Algérie

6.5

5

Chine

6.1

Tableau‑1. Les cinq premiers pays selon le nombre de nouveaux cas de DT1 chez les moins de 20 ans.

Rang

Pays

Nombre d'enfants et d'adolescents atteints de diabète de type 1 (0-19 ans) en milliers

1

Inde

229.4

2

Les Etats-Unis

157.9

3

Brésil

92.3

4

Chine

56.0

5

Algérie

50.8

Tableau‑2. Les cinq premiers pays selon le nombre d'enfants et d’adolescents moins de 20 ans atteints de DT1

Physiopathologie

L’insuline est une hormone naturellement produite par le pancréas, plus précisément par des cellules situées dans les îlots de Langerhans. Elle permet au glucose d’entrer dans les cellules du corps. Celles-ci utiliseront le glucose comme source d’énergie ou le mettront en réserve dans le foie et les muscles pour une utilisation future. L'insuline est également essentielle au métabolisme des protéines et des graisses. Un déficit en insuline, ou l'incapacité des cellules à y répondre, entraîne une hyperglycémie, qui est l'indicateur clinique du diabète.[2]

Le diabète de type 1 est un déficit en insuline dû à une destruction des cellules bêta. La voie catabolique est alors mise en œuvre : la lipolyse entraîne la production d’acides gras qui vont être bêta-oxydés au niveau hépatique avec formation de corps cétoniques. Afin d’assurer les apports de glucose au cerveau, il existe une néoglycogenèse et une glycogénolyse hépatique. Les taux élevés de glucose au niveau sanguin sont dus à l’absence de transport intracellulaire de glucose (liée à la carence en insuline), et à la néoglycogenèse et glycogénolyse hépatique. Figure.1

Figure.1. Physiopathologies de l'acidocétose diabétique[4]

Cette hyperglycémie provoque une hyperosmolarité extracellulaire qui va entraîner une glycosurie, et déshydratation intracellulaire, avec déplétion sodique et potassique.[5]

Ce déficit en insuline, s'il n'est pas contrôlé à long terme, peut endommager de nombreux organes du corps, entraînant des complications invalidantes et potentiellement mortelles telles que des maladies cardiovasculaires, neuropathie, néphropathie, rétinopathie. Cependant, si une prise en charge appropriée du diabète est réalisée, ces complications graves peuvent être retardées ou complètement évitées.[2]

     Histoire naturelle du diabète de type 1

Le DT1 est la conséquence de la destruction sélective des cellules bêta par un processus auto-immune, conduisant à une carence profonde en insuline.[6], [7]

L’apparition des auto-anticorps dirigés contre les antigènes de la cellule bêta est le témoin de cette immunité, avec en parallèle une activation des lymphocytes T auto réactifs capables de détruire les cellules bêta.[5] La maladie a été modélisée en différentes stades : Figure.2

  • Stade 1 : Au moins deux auto-anticorps liés au diabète, la glycémie reste normale, et aucun symptôme n'est présent.
  • Stade 2 : Au moins deux auto-anticorps liés au diabète, une hyperglycémie. Pourtant, il n'y a souvent aucun symptôme.
  • Stade 3 : Auto-immunité des îlots, une hyperglycémie, les symptômes du DT1 (Syndrome d’hyperglycémie une acidocétose diabétique) sont présents en raison d'une perte importante de cellules bêta, une maladie grave et potentiellement mortelle.
  • Stade 4 : DT1 de longue durée.
histoire naturelle du diabète de type 1
Figure.2. Les stades du diabète de type 1 (DT1)

     Marqueurs génétiques

Le DT1 survient sur un terrain génétique prédisposant complexe, impliquant plusieurs gènes. Ceci se traduit par :

Dans la fratrie : Un risque augmenté par rapport à la population générale (6 % versus 0,4 %).[3]

Entre jumeaux monozygotes : Une concordance de l’ordre de 40 à 50 %, alors qu’elle n’est que de 10 % entre jumeaux dizygotes.[5]

La descendance d’une mère ou d’un père atteint de DT1 présente un risque de 3 à 4 %, et 6 à 9 % respectivement.[5]

La susceptibilité est multigénique et n’obéit pas à un modèle mendélien.[5]

     Complexe majeur d’histocompatibilité (CMH)

Une grande partie du risque génétique est associée aux gènes codés par le système CMH situé sur le bras court du chromosome 6 (région 6p21). Il est admis que certains allèles CMH de classe II (IDDM1) sont notamment impliqués dans les mécanismes de reconnaissance de l’antigène. Deux haplotypes sont plus fréquemment associés avec le DT1 : il s’agit de l’haplotype DR3 et de l’haplotype DR4. La fréquence des hétérozygotes DR3/DR4 est plus importante lorsque le diabète est de survenue précoce.[5]

     Susceptibilité génétique en dehors du système CMH

          Gène de l’insuline (INS)

Une association a été décrite entre le DT1 et la région du gène INS (région 11p15, IDDM2, expliquant 10 % à 20 % de la susceptibilité génétique, avec un allèle prédisposant [classe I] et un allèle protecteur [classe III]).[3], [7]

          Gène CTLA4(Cytotoxic T‐Lymphocyte‐Associated Protein 4)

Le gène CTLA4 est exprimé uniquement sur les lymphocytes T activés, et régule négativement la fonction des lymphocytes. Les mutations qui conduisent à une activité réduite de CTLA4 jouent un rôle important dans l'auto-immunité.[3]

          Gène PTPN22 (Protein Tyrosine Phosphatase, Non‐Receptor Type 22)

Ce gène situe en position 1p13 code pour une protéine tyrosine phosphatase exprimée dans les tissus lymphoïdes qui régule de manière négative l’activation des lymphocytes T. Des mutations de ce gène sont associées à de nombreuses maladies auto-immunes, dont le DT1.[3]

     Marqueurs immunitaires

          Auto-anticorps

La présence d’auto-anticorps circulants à la découverte d’un diabète est un élément distinctif majeur du DT1. Il s’agit du dosage des anticorps anti-glutamate 65 (glutamic acid decarboxylase antibodies-65 ou GADA-65), anti-insulinoma associated antigen-2 (IA-2A), anti-insuline (insulin auto-antibodies ou IAA) et anti-transporteur de zinc T8 (zinc transporter-8 ou ZnT8A).[5]

Anticorps anti-insuline

D’après les études prospectives chez les enfants de mères diabétiques, les IAA sont les premiers auto-anticorps spécifiques à se positiver.[5]

Anticorps anti-GAD-65

Le glutamate décarboxylase est une enzyme présente dans des microvésicules des cellules neuroendocrines. Les GADA sont présents dans 70 à 80 % des sérums de nouveaux diabétiques de type 1 (auto-anticorps avec la prévalence la plus élevée dans le DT1).[5]

Anticorps anti-IA-2

L’antigène IA2 d’origine neuroendocrine correspond à une forme inactive de la famille de la tyrosine phosphatase, enzyme impliquée dans la régulation de la sécrétion d’insuline. La protéine IA2 et sa portion transmembranaire, appelée phogrine ou IA2-β, sont localisées préférentiellement dans les granules de sécrétion d’insuline. Les IA-2A sont présents chez 40 à 60 % des DT1.[5]

Anticorps anti-ZnT8

Ces auto-anticorps sont ceux dont la découverte est la plus récente (2007). La famille des transporteurs de zinc est fortement exprimée dans les cellules bêta et joue un rôle physiologique important, du fait de l’implication du zinc dans le stockage de l’insuline. Le DT1 est associé à des auto-anticorps dirigés contre la protéine du transport du zinc Slc30A8 (ZnT8).

Les ZnT8A sont retrouvés chez 60 à 70 % des patients DT1 lors de la découverte du diabète. Leur positivité permet de classer en DT1A (forme du DT1 associée à la présence documentée d’autoanticorps et représentant environ 95 % des cas) 5 à 10 % des nouveaux diabétiques avec phénotype évident de DT1 et GADA et IA-2A négatifs (DT1B).[5]

     Facteurs environnementaux

          Infections virales

Une méta-analyse a montré que l’infection par entérovirus dans la première année de vie augmentent le risque de séroconversion anti-ilot.[7]

          Facteurs alimentaires

  • L’introduction de céréale avant trois mois ou après sept mois augmenterait le risque de DT1.[7]
  • L’exposition précoce aux protéines du lait de vache peuvent agir comme déclencheurs de l'auto-immunité des îlots. Le rôle de l’allaitement maternel n’était pas retrouvé.[7]
  • Une exposition précoce aux probiotiques (avant 1 mois de vie) diminuait le risque de DT1 chez des enfants prédisposésgénétiquement.[7]
  • Une prise de poids très importante dans les deux premières années de vie a été associés à une apparition d’auto-anticorps chez les patients génétiquement prédisposés.[7]

Diagnostic positif

     Circonstances de diagnostic du diabète de type 1

diagnostic du diabète de type 1
Figure.3. Les symptômes classiques du diabète de type 1[2]

Tableau d’acidocétose diabétique

Signes de l’hyperglycémie (Syndrome cardinal)

C’est l’association classique de : une polyurie - une polydipsie - un amaigrissement - une polyphagie.[7]Figure.3

Signes d’acidose

Une déshydratation[4]

Des signes respiratoires : une dyspnée ample et rapide de Kusmaul ou une simple tachypnée, l’haleine à une odeur typique acétonémique.[4], [8]

Des signes digestifs : Nausées, vomissements et douleurs abdominales, pouvant parfois orienter à tort vers une urgence chirurgicale abdominale.[4], [8]

Une altération de la conscience : somnolence (l’enfant est fatigué, s’endort, mais est réveillable lorsqu’on le stimule), coma.[4], [8]

     Examens complémentaires

Affirmer le diabète

Glycémie supérieure ou égale à 2 g/l (11 mmol/L), mesuré à n’importe quel moment de la journée associée aux signes cliniques du diabète.[1]

Glycémie à jeun supérieure à 1,26 g/L (7 mmol/L).[1]

Épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO) : glycémie supérieure ou égale à 2 g/l au temps 120 min de l’épreuve.[1]

HbA1c ≥6.5%.[1]

Affirmer la nature auto-immune du diabète

DT1 confirmé : si les ICA, les anticorps anti-GAD, anti-IA2 et/ou les anticorps anti-ZnT8 sont présents avant le début de l’insulinothérapie.[7]

DT1 probable : En absence les auto-anticorps (les ICA, anti-GAD, anti-IA2, anti-ZnT8) avec :

  • Des antécédents familiaux de diabète insulinodépendant.[7]
  • Des anticorps antithyroïdiens, anti-surrénales, anti-endomysium et/ou anti-transglutaminase sont présents.[7]
  • Le typage HLA est DR3-DR4.[7]

Affirmer le caractère insulinoprive du diabète

  L’insulinosécrétion peut être appréciée par la mesure du peptide C de base et après stimulation par le glucagon ou un repas test.[7]

Évaluer l’équilibre glycémique moyen

La glycation de l’hémoglobine est l’une des multiples glycations pathologiques que subissent les protéines des diabétiques.[7]

L’hémoglobine glyquée (HbA1c)

L’HbA1c est corrélée à la moyenne des glycémies des trois mois précédant le prélèvement. Mais les glycémies du mois précédant sa mesure représentent 50 % du résultat.[7]

Glycémie moyenne (mg/dl) = 28,7 x HbA1c-48 7. Un sujet non diabétique a une HbA1c comprise entre 4 et 6 %.[7]

La mesure de l’HbA1c est indispensable pour contrôler l’efficacité du traitement.[7]

La fructosamine

Elle correspond à l’ensemble des protéines plasmatiques glycosylées.[7]

Elle reflète la moyenne des glycémies des deux à quatre dernières semaines.[7]

Elle n’est quasiment plus utilisée en pratique mais reste cependant utile dans les cas où l’HbA1c est fausse (hémoglobinopathies, certaines formes d'anémie ou autre affection affectant le renouvellement normal des globules rouges).[1], [7]

     Le diagnostic de diabète peut être incertain devant :

Absence de symptômes : une hyperglycémie détectée fortuitement.

Présence de symptômes légers/atypiques du diabète.

Hyperglycémie détectée dans des conditions de stress infectieux aigu, traumatique, circulatoire ou autre, qui peut être transitoire et ne doit pas être considérée comme un diagnostic de diabète.

Dans ces situations, le diagnostic de diabète ne doit pas être basé sur une seule concentration plasmatique de glucose, mais il est nécessaire d’une observation continue avec une glycémie à jeun et 2 heures postprandiale et/ou une HGPO.[1]

Diagnostic différentiel

     Autres formes de diabètes

          Diabète du nouveau-né

Définition

  Il est défini par une hyperglycémie persistante, insulinodépendante, survenant avant l’âge de 6 mois, avec des anticorps spécifiques du diabète de type 1 négatifs. On en distingue deux sous-types selon la durée de l’insulinodépendance : le diabète néonatal transitoire, qui est spontanément résolutif avant 18 mois, et le diabète néonatal permanant.[1], [7]

Clinique et biologie

  Une mauvaise prise pondérale, une polyurie avec une déshydratation, insulinémie et le peptide C sont bas, la recherche d’auto-anticorps et d’haplotype HLA de classe II sont négatives.[7]

          Formes monogéniques de diabète chez l’enfant et l’adolescent

Le diabète « MODY »

  Diabète non insulinodépendant de caractère familial, monogénique, autosomique dominant, survenant chez des sujets jeunes avant l’âge de 25 ans. Il est lié à un défaut primaire du fonctionnement des cellules bêta du pancréas. On en distingue 13 sous-types actuellement, selon le gène concerné par la mutation présente à l’état hétérozygote.[7], [9]

Syndrome de Wolfram (DIDMOAD)

  Il s’agit d’une affection neurodégénérative comportant plusieurs atteintes regroupées sous l’acronyme DIADMOAD : diabète insipide (diabetes insipidus), diabète sucré (diabetes mellitus), atrophie optique (optic atrophy), surdité (deafness).[7]

  La survenue du diabète insulino-dépendant s’observe dans plus de 90 % des cas chez les sujets d’âge pédiatrique. Le diabète est le plus souvent le premier symptôme à apparaître vers un âge moyen d’environ 6 ans.[5]

Diabètes par défaut de l’insulino-sensibilité

  Il peut s’agir de sujets porteurs d’une mutation du récepteur de l’insuline, mais aussi de malades présentant différents syndromes lipodystrophiques. Dans ce dernier cas, la survenue d’une hyperglycémie est secondaire à un déficit quantitatif ou qualitatif du tissu adipeux.[5]

Il est caractérisé par un déficit plus ou moins généralisé de la masse adipeuse, veines apparentes, traits cushingoïdes, acromégaloïdes ou progéroïdes, acanthosis nigricans. Figure.4 Hypertriglycéridémie et hyperinsulinémie souvent majeures, taux bas de leptine et d’adiponectine.[5]

Figure.4. Acanthosis nigricans : Affection cutanée caractérisée par des zones de coloration foncée hyperkératosiques, surtout au niveau des plis des aisselles (a), du cou(b).

          Le diabète de type 2

  Les mécanismes qui aboutissent au DT2 combinent une diminution de la sensibilité à l’insuline au niveau hépatique puis au niveau des tissus périphériques, ainsi qu’un dysfonctionnement sécrétoire de la cellule β du pancréas.[5]

  Il apparait en général à la puberté (diminution de l’insulinosensibilité), chez des adolescents obèses, avec un syndrome métabolique, des antécédents familiaux de diabète, et des lésions cutanées d’acanthosis nigricans.[7]

          Diabètes mitochondriaux 

  Le diabète d’origine mitochondriale est majoritairement représenté par une forme bien individualisée de diabète familial transmis de façon matrilinéaire (diabète, surdité neurosensorielle, dystrophie musculaire, myopathie proximale, déficit intellectuel). L’âge de début est compris entre 12 et 70 ans.[5], [7]

          Diabète de type 1 lent ou LADA[9]

  • Début tardif et progressif pouvant faire évoquer un diabète de type 2
  • Présence d’anticorps positifs
  • Association fréquente à d’autres pathologies auto-immunes
  • Évolution vers l’insulinodépendance en 5 à 10 ans.

          Diabète du sujet noir d’origine africaine sub-saharienne

  Diabète de type 2 à tendance cétosique chez un sujet jeune originaire d'Afrique subsaharienne « diabète africain » : bien qu'il concerne habituellement des adultes jeunes, quelques cas ont été décrits chez des adolescents dès l'âge de 15 ans. Le tableau initial bruyant évoque plutôt un diabète de type 1, et se corrige rapidement après mise sous insuline. Les auto-anticorps sont négatifs.[7], [9]

          Autres diabètes de l’enfant

Insulinorésistance d’origine génétique : Syndrome Donohue (lépréchaunisme) et le syndrome de Rabson-Mendenhall, associent un RCIU et un retard postnatal, lipoatrophie, une hypotrophie musculaire et une dysmorphie faciale.[7]

Obésité syndromique : syndrome de Bardet-Biedl et syndrome d’Alstrom.[7]

Insulinorésistance et/ou hyperglycémie secondaire à une pathologie endocrinienne : hyperthyroïdie, phéochromocytome, syndrome de Cushing, acromégalie, syndrome de Conn, glucagonome, somatostatinome.[1]

Diabète induite par des médicaments et des toxines : corticoïdes, bêta-bloquants non cardiosélectifs, diurétiques hypokaliémiants, progestatifs de synthèse de type norstéroïdes, sympathicomimétiques type salbutamol…[1]

Hyperglycémie secondaire à une pathologie pancréatique, une hémochromatose.[1]

Hyperglycémie de stress

Elle est observée dans le cas d’une maladie aiguë/septicémie, traumatisme, convulsions fébriles, brûlures et température corporelle élevée (> 39 C).[1]

Complications

     Complications aiguës

          Acidocétose diabétique

L’acidocétose est un désordre métabolique qui traduit une carence en insuline (absolue ou relative), empêchant la pénétration cellulaire du glucose, et une augmentation de la contre-régulation.[5]

Les facteurs de risque d'acidocétose diabétique

Chez les patients nouvellement diagnostiqués :[4]

  • Patients les plus jeunes (nourrissons et enfants d’âge scolaire)
  • Un diagnostic tardif
  • Un niveau bas socio-économique
  • La résidence dans un pays à faible prévalence de diabète de type 1 (DT1).

Chez les patients diabétiques connus :[4]

  • L'omission d'insuline pour diverses raisons
  • Un accès limité aux services médicaux
  • Une interruption non reconnue de l'administration d'insuline chez les patients utilisant une pompe à insuline.

Principaux signes de l’acidocétose diabétique

Déshydratation intra- et extracellulaire : prédomine sur le secteur extracellulaire : pli cutané, hypotension artérielle et tachycardie. Elle peut être associée à une déshydratation intracellulaire : soif, sécheresse de la muqueuse buccale, hypotonie des globes oculaires.[5]

Signes respiratoires : dyspnée ample et rapide de Kusmaul ou une simple tachypnée. L’haleine a une odeur typique acétonémique.[4], [5]

Troubles digestifs : nausées, vomissements, douleurs abdominales (parfois au premier plan, pseudo-chirurgicales).[4]

Troubles de la conscience de degré variable.[5]

Critères diagnostiques de l’acidocétose

Les critères biologiques pour le diagnostic de l'ACD sont :[4]

  • Glycémie > 11 mmol/L (> 2 g/L)
  • PH< 7.3 ou Bicarbonates < 15 mmol/L
  • Cétonémie (ß-hydroxybutyrate sanguin≥3 mmol/L), ou cétonurie modérée ou élevée (supérieure ou égale à deux croix).

Critères biologiques de l’acidocétose sévère

La gravité de l'ACD est classée selon le degré d'acidose :[4]

  • Légère : pH veineux < 7,3 et/ou bicarbonate sérique < 15 mmol/L
  • Modéré : pH <7,2 et/ou bicarbonate sérique <10 mmol/L
  • Sévère : pH < 7,1 et/ou bicarbonate sérique < 5 mmol/L

Complications de l’acidocétose diabétique

  La mortalité liée à l’acidocétose est de l’ordre de 0,15 à 0,3 % et est en constante diminution. Trois facteurs sont principalement responsables de la mortalité :[5]

  • L’hypokaliémie
  • L’inhalation de liquide gastrique
  • L’œdème cérébral

On abordera la PEC de l’acidocétose dans le prochain cours

          Hypoglycémies

Définition

  Il n’y a pas de consensus strict pour définir le seuil d’hypoglycémie car l’apparition des symptômes d’hypoglycémie varie en fonction des individus mais aussi pour un même individu.[5]

  Dans la pratique clinique, une valeur de glucose ≤ 3,9 mmol/L (0,70 g/L) est utilisée comme alerte clinique ou valeur seuil pour entamer le traitement de l'hypoglycémie dans le diabète en raison du risque de chute supplémentaire de la glycémie.[10]

  • Les hypoglycémies modérées (mineure) : peuvent être symptomatiques : des symptômes d’hypoglycémie (liés à la réaction adrénergique et parasympathique) apparaissent pour une glycémie inférieure à 0,65 g/L. Elles peuvent aussi être asymptomatiques.[5], [7]
  • Les hypoglycémies sévères (majeure) : sont définies comme des hypoglycémies associées à des signes de neuroglycopénie. Nécessite une intervention extérieure pour sa correction.[5], [7], [10]

Symptômes et signes cliniques d’hypoglycémie

  Les symptômes traduisant l’hypoglycémie sont subdivisés en deux types : ceux correspondant à la réaction neurologique et ceux témoignant de la neuroglycopénie Tableau‑3.[7], [10]

  L’hyperglycémie chronique et le mauvais contrôle glycémique peuvent modifier le seuil de perception des symptômes d’hypoglycémie de type adrénergique qui peuvent alors exister pour des glycémies normales.[5], [10]

 

Symptomes

Symptômes et signes d’activation du système nerveux autonome

Étourdissement ; Transpiration ; Tremblements ; Palpitations ; Pâleur

 

Symptômes et signes de neuroglycopénie

 

Difficulté de concentration ; Flou visuel ou vision double ; Perturbation de la vision des couleurs ; Difficulté d’audition ; Trouble de l’élocution ; Perte du jugement et confusion ; Trouble de la mémoire à court terme Vertiges et démarche instable ; Perte de conscience ; Convulsion ; Décès

Symptômes et signes comportementaux : Irritabilité ; Variabilité dans le comportement ; Agitation ; Cauchemars ; Pleurs inconsolables (surtout chez le jeune enfant)

Tableau‑3. Symptômes d'hypoglycémie

          Mortalité

Facteurs de risque de mortalité[5]

  • Les bas niveaux socio-économiques et éducatives.
  • La découverte d’un diabète à l’âge de la transition entre la pédiatrie et le secteur adulte.
  • Le sexe féminin est associé à un ratio standardisé de mortalité plus élevé que le sexe masculin, contrairement aux jeunes adultes (d’après l’étude EURODIAB).
  • L’absence d’un centre d’accueil d’urgence spécialisé en pédiatrie.

Causes de décès[5]

  • Les complications métaboliques aigues (l’acidocétose reste la cause de décès la plus fréquente).
  • Les morts violentes : accidents ou suicides
  • Dead in bed syndrome : des décès non expliqués au cours du sommeil

     Complications chroniques

          Complications auto-immunes

  Il est établi que la plupart des patients ayant un diabète de type1 (DT1) ont un terrain génétique prédisposant à l’auto-immunité. Dans le tableau sous-cité Tableau‑4, nous récapitulons les atteintes auto-immunes qui peuvent être associées au DT1. Nous préciserons les signes d’appel, les moyens de diagnostic (ou de dépistage) et les recommandations de dépistage.

Maladie auto-immune

Symptômes

Facteurs de risque

Tests de dépistage et de confirmation

Recommandations de dépistage

Maladie cœliaque

Le plus souvent asymptomatique

Hypoglycémie

Faible croissance staturale

Diarrhée

Nausées, vomissements, douleurs abdominales

Parent au premier degré atteint

Autre maladie auto-immune

Anticorps transglutaminase tissulaire

Et/ou

Anticorps anti-endomysial

Au diagnostic

Au moins après une durée de DT1 de 2 et 5 ans

Thyroïdite d’Hashimoto

Faible croissance staturale

Goitre indolore

Fatigue

Intolérance au froid

Bradycardie

Gain de poids

+/- Une hypoglycémie

Âge

Durée du T1DM

Présence d'auto-anticorps GAD

Maladie cœliaque

Anticorps antithyroïd peroxydase, anticorps anti-thyroglobuline, TSH, T4 ou FT4

Au diagnostic : anticorps antithyroïd peroxydase et antithyroglobuline, TSH

Tous les 2 ans : TSH (plus tôt si anticorps thyroïdiens positifs au diagnostic ou avec symptômes).

Maladie de Basedow

Perte de poids

Appétit normal/augmentation

Palpitations

Intolérance à la chaleur

Goitre

Exophtalmie

Mauvais contrôle glycémique

Âge

Durée du T1DM

Présence d'auto-anticorps GAD

 

Immunoglobuline stimulant la thyroïde (TSI), TSH, T4 ou FT4, FT3

 

 

 

Si symptômes

Atteinte gastrique auto-immune

 

Le plus souvent asymptomatique

Anémie (anémie pernicieuse ou anémie ferriprive)

Auto-immunité thyroïdienne

Persistance des auto-anticorps GAD

Auto-anticorps anti-cellules pariétales

NFS, vitamine B12, ferritine, gastrine

Si symptômes

La maladie d'Addison

Hypoglycémie

Fatigue

La nausée

Perte de poids

Envie de sel

Hypotension orthostatique

Hyperpigmentation de la peau et des muqueuses

Parent au premier degré atteint

Auto-anticorps anti-21-hydroxylase.

ACTH, cortisolémie à 8h à jeun

Électrolytes, rénine plasmatique

 

 

 

 

 

Si symptômes

Vitiligo

Dépigmentation cutanée bien délimitée, touchant les extrémités, le visage, le cou et le tronc

Trouble thyroïdien

Syndrome polyglandulaire auto-immun (APS)

Carence en vitamine D

Diagnostic clinique

 

Si symptômes

Alopécie

Plaques de perte de cheveux rondes et/ou ovales non cicatricielles

Syndrome polyglandulaire auto-immun de type 2 (APS 2)

Diagnostic clinique

Si symptômes

Arthrite juvénile idiopathique (AJI)

Inflammation articulaire caractérisée par un gonflement, une limitation des mouvements articulaires, une arthralgie.

Les symptômes doivent être présents pendant au moins 6 semaines

Diagnostic clinique

 

Si symptômes

Syndrome de Sjögren

Xérophtalmie (yeux secs) et xérostomie (bouche sèche), parotidite récurrente, avec atteinte d'autres organes

Diagnostic clinique

Si symptômes

Psoriasis

 Affection cutanée avec des plaques bien délimitées, rouges, en relief, et recouvertes de squames blanchâtres, ou d’une fine pellicule argentée qui se détache facilement.

Diagnostic clinique

 

Si symptômes

Sarcoïdose

Granulomes non caséeux, principalement dans les ganglions lymphatiques, les poumons, les yeux et la peau.

Diagnostic clinique

Si symptômes

Sclérœdème diabétique

Épaississement de la peau avec aspect "peau d'orange" caractéristique.

Diagnostic clinique

Si symptômes

Tableau‑4. Résumé des complications courantes chez les enfants et les adolescents atteints de DT1 [11]

          Les complications micro- et macro-angiopathiques

Rétinopathie

  La rétinopathie diabétique est une affection oculaire qui peut causer une perte de vision et la cécité chez les personnes atteintes de diabète. Il affecte les vaisseaux sanguins de la rétine. La rétinopathie diabétique peut ne présenter aucun symptôme au début, mais la trouver tôt peut aider à prendre des mesures pour protéger la vision.

  La rétinopathie diabétique est provoquée par l'inflammation, la dysfonction endothéliale, la fibrinolyse et le stress oxydatif, tous secondaires à l'hyperglycémie chronique.

  Il existe plusieurs stades : la rétinopathie non proliférante, pré-proliférante et, enfin, la rétinopathie diabétique proliférante.[7] Tableau‑5. La prévalence de la rétinopathie chez les enfants et les adolescents de moins de 18 ans avec DT1 est beaucoup plus faible, et La majorité d’entre elle sont des rétinopathies non proliférantes minimes avec un micro-anévrysme ou une hémorragie rétinienne unilatérale.[7]

  L'élément prépondérant pour le développement des formes proliférantes de rétinopathie est l'HbA1c moyenne au cours du suivi du diabète.[7]

  L’ISPAD proposent de réaliser chez les patients avec DT1 des photographies du fond d’œil dès l’âge de 11 avec 2 à 5 ans d’évolution de DT1.[12] Puis une fois par ans.

Stades de gravité de la RD

Stade

Description

Stade 0

Pas de RD

 

Stade 1

Rétinopathie diabétique non proliférante (RDNP) minime

·       Nodule cotonneux isolé ou hémorragie rétinienne, sans micro-anévrysme associé

·       Micro-anévrysmes isolés

Stade 2

RDNP modérée

·       Stade plus sévère que le stade 1

·       Stade moins sévère que le stade 3

Stade 3

RDNP sévère

·       Hémorragies rétiniennes et/ou micro-anévrysmes de gravité supérieure ou égale à la photographie standard 2A de l'ETDRS dans au moins un champ périphérique

·       Et/ou AMIRs ≥ photographie standard 8a

·       Et/ou veines moniliformes

Stade 4

Rétinopathie diabétique proliférante (RDP)

·       ≥ néovaisseau pré-rétinien ou pré-capillaire ± fibrose et/ou complications de la RD proliférante : hémorragie intravitréenne, pré-rétinienne, décollement de rétine.

Classification de la maculopathie

Stade 1

Pas d'œdème maculaire

Absence d’exsudats secs

Stade 2

Maculopathie débutante

Présence d'exsudats secs de petite taille et peu nombreux situés à plus d'un diamètre papillaire du centre de la macula

Stade 3

Œdème maculaire

Exsudats secs circinés de taille supérieure à 1 surface papillaire situés à plus d'un diamètre papillaire du centre de la macula.

Présence d'exsudats secs situés à moins d'un diamètre papillaire du centre de la macula.

 

AMIRs anomalies microvasculaires intra-rétiniennes, ETDRS : early treatment diabetic retinopathy study, RD : rétinopathie diabétique, RDNP rétinopathie diabétique non proliférante.

Tableau‑5. Classification de dépistage de la rétinopathie diabétique (RD) adaptée aux photographies du fond d’œil [13]

Indication

Orientation vers un ophtalmologiste

Suivi

Traitement recommandé

Pas de rétinopathie

Dans 1 an

Tous les 1-2 ans

Rien

RDNP légère

Dans 1 an

Chaque année

Rien

RDNP modérée

Dans les 3 à 6 mois

Tous les 6 à 9 mois

Rien

RDNP sévère

Immédiat

Tous les 3 à 6 mois

·       Peut envisager une photo-coagulation pan-rétinienne (PPR) au laser précoce pour les patients atteints de diabète de type 2.

RDP

Immédiat

Tous les 3 mois

·       PPR ou les anti-VEGF

·       La vitrectomie est indiquée dans les cas de RDP compliquée d’hémorragie intravitréenne persistante ou de décollement de rétine tractionnel.

Pas d'œdème maculaire diabétique (OMD)

Dans 1 an

Tous les 1-2 ans

Rien

Pas d'OMD impliquant le centre

Dans les 3 à 6 mois

Tous les 6 mois

Rien

OMD impliquant le centre

Immédiat

Tous les 1 à 4 mois

·       Traitement de 1ère intention : Anti-VEGF.

·       Envisager le laser maculaire comme traitement d'appoint en cas d’OMD impliquant le centre persistant malgré un traitement anti-VEGF.

·       La corticothérapie intravitréenne peut être utilisée comme alternative dans certains cas.

Tableau‑6. Suivi recommandé[14]

Néphropathie

  La néphropathie diabétique est une cause majeure de morbidité et de mortalité chez les jeunes adultes atteints de diabète de type 1. En l'absence de néphropathie diabétique, la mortalité chez les patients atteints de diabète de type 1 est similaire à celle de la population générale.[12] Les changements survenant dans le rein chez les patients atteints de diabète de type 1 sont généralement classés en cinq stades. Le stade le plus précoce est caractérisé par une hypertrophie glomérulaire, une hyperfiation et une hyperperfusion. Ceci est suivi d'une phase de changements morphologiques infracliniques et d'augmentations des taux d'excrétion d'albumine dans la norme (stade 2). Une collecte d'urine de 24 heures ou les urines nocturnes, indiquent le développement d'une albuminurie (anciennement "microalbuminurie") (stade 3) qui est réversible par l’intensification thérapeutique et les antihypertenseurs (IEC, ARA2), qui peut évoluer vers une protéinurie patente (anciennement appelée "macroalbuminurie") (stade 4) et, sans aucun traitement, à l'insuffisance rénale terminale (IRT) (stade 5).[12] Tableau‑7

Stades

Chronologie

Principaux changements structurels/lésions

 

 

 

1

Hypertrophie rénale et hyperfiltration glomérulaire

Présent au moment du diagnostic de diabète

Augmentation de la taille des reins. Augmente la taille des glomérules. Hypertrophie et hyperplasie du néphron.

 

 

 

2

Phase silencieuse

normoalbunurie

Détectable après 2 ans de diabète, évolution sur plusieurs années

 

 

 

3

Néphropathie incipiens (albuminurie)

 

Après 10-15 ans

Un début d’expansion mésangiale diffuse.

 

 

 

4

Néphropathie avérée (protéinurie, syndrome néphrotique, HTA, IRC).

Après 15-20 ans

Sclérose glomérulaire et interstitielle

Ce stade n’est ni réversible ni arrêtable

 

 

 

5

Insuffisance rénale terminale

Après 25-30 ans

Obstruction glomérulaire

 

 

 

Tableau‑7. Les différents stades évolutifs de la néphropathie diabétique.
  L’évaluation du rapport albuminurie/créatinine urinaire dans un échantillon urinaire matinal est la méthode la plus facile à appliquer et elle fournit généralement des renseignements exacts. Un échantillon aléatoire peut être utilisé, mais sachant que cela est associé à un risque accru de résultats faussement positifs, et par conséquent, en cas de résultat anormal, le dépistage devrait être répété avec les prélèvements d’urine du matin. Les collectes des urines de 24 heures sont plus lourdes et n’ajoutent pas grand-chose à la prédiction ou à l’exactitude.[12]

  L’ISPAD préconise le dépistage annuel de l'albuminurie chez les patients avec DT1 dès l’âge de 11 avec 2 à 5 ans d’évolution de DT1.[12]

 

Urines de 24 h

 

Urines nocturnes

(Rapport albumine/créatinine)

 

Albuminurie (anciennement « microalbuminurie »)

20-200 µg/min

30-300 mg/jour

Chez l’homme

·       2,5-25 mg/mmol de créatinine

·       30-300 mg/g de créatinine

Chez la femme : (En raison de l'excrétion plus faible de la créatinine)

·       3,5-25 mg/mmol de créatinine

·       42 to 300 mg/g de créatinine

Protéinurie patente (anciennement « Macroalbuminurie »)

> 200 µg/min

>300 mg/jour

 

>300 mg/g de créatinine

>25 mg/mmol de créatinine

Tableau‑8. Critères biologiques définissant l'albuminurie et la protéinurie patente
  Les facteurs confusionnels à prendre en considération lors du dépistage de l’albuminurie sont les suivants : exercice intense, infections, maladie rénale (IgA ou autres types de néphrite), hyperglycémie marquée, fièvre, saignements menstruels. Tous ces facteurs peuvent entraîner une augmentation de l’ACR/AER.

  L’albuminurie est confirmée par la découverte de 2 ou de trois échantillons anormaux sur une période de 3 à 6 mois. Il a été démontré que l’albuminurie persistante prédit la progression vers l’insuffisance rénale terminale et est associée à un risque accru de maladie macrovasculaire.[12]

Neuropathie

  Il existe différentes formes cliniques de neuropathie diabétique : la polyneuropathie et la neuropathie autonome, qui sont les plus fréquentes, mais aussi les mononeuropathies et mononeuropathies multiples.[7]

  Le dépistage de la neuropathie périphérique doit commencer dès l'âge de 11 ans avec une durée de diabète de 2 à 5 ans, puis chaque année.[12] Tableau‑9.

  La neuropathie autonome cardiaque (NAC) est très rarement recherchée chez l’enfant. Elle est caractérisée par : [5]

  • Une atténuation de la baisse physiologique de la pression artérielle nocturne
  • Une variabilité moins importante de la fréquence cardiaque avec tachycardie au repos
  • Une hypotension orthostatique
  • Un allongement de l’espace QT à l’électrocardiogramme, qui pourrait être impliqué dans le « Dead-in-bed syndrome ».

Les complications macroangiopathiques

  Les études DCCT et EDIC ont également prouvé qu’un traitement intensif pendant 6 ans et demi réduisait le risque de faire un événement cardiovasculaire.

Selon les recommandations Tableau‑9 :

  • La mesure de la pression artérielle doit se faire à chaque visite.[5]
  • Le bilan lipidique est conseillé de le faire à partir de 11 ans. Si le LDL est supérieur à 100 mg/dl, il sera monitoré de façon annuelle, sinon tous les 3 à 5 ans.[5], [12]
  • Il est surtout important de dépister et prendre en charge de manière active les facteurs de risque cardiovasculaires en insistant, en plus des points sus-cités (l’HTA et la dyslipidémie), sur l’absence de tabagisme (y compris la e-cigarette).[5]

 

Quand commencer le dépistage ?

Méthodes de dépistage

Facteurs de risque

Néphropathie

11 ans avec 2-5 ans de diabète

Rapport albumine/créatinine urinaire

Hyperglycémie

Hypertension

Anomalies lipidiques

Tabagisme

Rétinopathie

11 ans avec 2-5 ans de diabète

Fond d’œil

Hyperglycémie

Hypertension

Anomalies lipidiques

Obésité

Neuropathie

11 ans avec 2-5 ans de diabète

Antécédents

Examens cliniques

Hyperglycémie

Obésité

Âge

Durée du diabète

La génétique

Complications macro-angiopathiques

11 ans avec 2-5 ans de diabète

Bilan lipidique tous les 2 ans, TA une fois par an

Hyperglycémie

Hypertension

Anomalies lipidiques

Obésité

Tabagisme

Tableau‑9. Complications vasculaires : recommandations de dépistage et facteurs de risque.

Complications non vasculaires du diabète

Le cataracte : il survient rarement chez les enfants diabétiques.[3]

Des complications osto-articulaires (la cheiroarthropathie) : est causée par la glycosylation du collagène dans le tissu conjonctif de la peau et des tendons. Elle se manifeste par une incapacité à étendre les doigts et/ou les poignets.[3]

Le retard de croissance chez les enfants diabétiques est rare, même avec un contrôle glycémique « moyen », il se produit généralement lorsqu'un enfant a un syndrome de Mauriac.[3]

La nécrobiose lipoïdique : une complication rare et mal comprise qui provoque des lésions inesthétiques qui apparaissent généralement dans la zone prétibiale.[3]

Références

[1] E. J. Mayer-Davis et al., “ISPAD Clinical Practice Consensus Guidelines 2018: Definition, epidemiology, and classification of diabetes in children and adolescents,” Pediatric Diabetes, vol. 19, pp. 7–19, Oct. 2018, doi: 10.1111/pedi.12773.

[2] International Diabetes Federation, IDF Diabetes Atlas: Tenth edition 2021. 2021.

[3] F. J. C. K. J. D. K. W. G.R. Ambler, “Diabetes Mellitus,” in Brook’s Clinical Pediatric Endocrinology, 7th ed., C. G. D. B. Mehul T. Dattani, Ed. 2020, pp. 583–669.

[4] J. I. Wolfsdorf et al., “ISPAD Clinical Practice Consensus Guidelines 2018: Diabetic ketoacidosis and the hyperglycemic hyperosmolar state,” Pediatric Diabetes, vol. 19, pp. 155–177, Oct. 2018, doi: 10.1111/pedi.12701.

[5] R. C. Marc Nicolino, Diabétologie de L’enfant. 2018. doi: 10.1016/c2016-0-00356-x.

[6] J. J. Couper et al., “ISPAD Clinical Practice Consensus Guidelines 2018: Stages of type 1 diabetes in children and adolescents,” Pediatric Diabetes, vol. 19, pp. 20–27, Oct. 2018, doi: 10.1111/pedi.12734.

[7] A. D. A. D. N. B.-N. R. C. M. Louvigné, “Aspects cliniques et diagnostiques du diabète de l’enfant,” EMC - Pédiatrie - Maladies infectieuses, 2017, doi: 10.1016/S1637-5017(17)75874-7.

[8] N. Bouhours-Nouet and R. Coutant, “Aspects cliniques et diagnostiques du diabète de l’enfant,” 2011. [Online]. Available: www.t1dbase.org

[9] A. M. Ecochard, Endocrinologie de l’adolescent. Springer Paris, 2013. doi: 10.1007/978-2-8178-0358-6.

[10] M. B. Abraham et al., “ISPAD Clinical Practice Consensus Guidelines 2018: Assessment and management of hypoglycemia in children and adolescents with diabetes,” Pediatric Diabetes, vol. 19, pp. 178–192, Oct. 2018, doi: 10.1111/pedi.12698.

[11] F. H. Mahmud et al., “ISPAD Clinical Practice Consensus Guidelines 2018: Other complications and associated conditions in children and adolescents with type 1 diabetes,” Pediatric Diabetes, vol. 19, pp. 275–286, Oct. 2018, doi: 10.1111/pedi.12740.

[12] K. C. Donaghue et al., “ISPAD Clinical Practice Consensus Guidelines 2018: Microvascular and macrovascular complications in children and adolescents,” Pediatric Diabetes, vol. 19, pp. 262–274, Oct. 2018, doi: 10.1111/pedi.12742.

[13] A. Lecleire-Collet, A. Erginay, K. Angioi-Duprez, N. Deb-Joardar, P. Gain, and P. Massin, “Classification simplifiée de la rétinopathie diabétique adaptée au dépistage par photographies du fond d’œil,” J. Fr. Ophtalmol, vol. 30, pp. 674–687, 2007, [Online]. Available: http://www.drscreening2005.org.uk

[14] S. D. Solomon et al., “Diabetic retinopathy: A position statement by the American Diabetes Association,” Diabetes Care, vol. 40, no. 3, pp. 412–418, Mar. 2017, doi: 10.2337/dc16-2641.